Published by Sherry Cooper
Le taux de chômage au Canada grimpe à 6,8 % malgré une forte croissance de l’emploi.
L’augmentation du chômage au Canada fait qu’une nouvelle forte baisse de taux d’intérêt reste possible en décembre
Avant la publication des données d’aujourd’hui sur le travail au Canada, il paraissait probable que la Banque du Canada baisse le taux directeur de 25 points de base à sa réunion du 11 décembre. Les données révèlent une création d’emplois plus importante que prévu, le pays ayant ajouté au net 51 000 emplois en novembre, alors qu’on en attendait 25 000. Cependant, presque 90 % des nouveaux emplois sont dans le secteur public, ce qui tempère l’enthousiasme.
L’emploi dans le secteur public a augmenté de 45 000 (+1,0 %) en novembre, ce qui représente la majeure partie de la croissance de l’emploi au cours du mois. Le nombre d’employés dans le secteur privé et le nombre de travailleurs autonomes ont tous deux peu varié en novembre.
Par rapport à 12 mois plus tôt, le nombre d’employés dans le secteur public en novembre était plus élevé de 127 000 (+2,9 %). La hausse est attribuable aux composantes des soins de santé et de l’assistance sociale (+81 000) et des services d’enseignement (+48 000) du secteur public (données non désaisonnalisées). Au cours de la même période, l’emploi dans le secteur privé a progressé de façon moins marquée (+1,3 %; +173 000).
Malgré la forte hausse de l’emploi, le taux de chômage a grimpé à son plus haut niveau depuis trois ans. La Banque du Canada a d’autant plus de raisons d’envisager une nouvelle réduction de taux d’intérêt de 50 pb la semaine prochaine. Statistique Canada rapportait lundi que le chômage a progressé de 0,3 point de pourcentage, à 6,8 %. Il est ainsi à son plus haut niveau depuis janvier 2017, en excluant la période de pandémie.
Au vu de ces informations, les taux d’intérêt ont chuté. Les opérateurs en swaps à un jour ont haussé leur estimation de la probabilité que la Banque du Canada décrète une réduction de taux d’intérêt de 50 pb la semaine prochaine, la faisant passer d’environ une chance sur deux, à trois sur quatre. Les nouvelles données sont sorties en même temps que celles sur l’emploi non agricole aux États-Unis, qui révèlent une hausse de 227 000 tandis que le taux de chômage augmentait à 4,2 %.
Les données soulignent la faiblesse persistante du marché de l’emploi, qui avait déjà amené la Banque du Canada à accélérer les réductions de taux d’intérêt en décidant d’une baisse de 50 pb en octobre.
D’autres détails des données indiquent un ralentissement de l’économie. Les heures travaillées ont baissé de 0,2 %, la troisième diminution des quatre derniers mois. L’inflation salariale a aussi faibli, et ce, de façon considérable. Elle était restée forte pendant des mois, mais elle a baissé à 4,1 % en novembre, son plus bas niveau depuis deux ans, contre 4,9 % en octobre.
Après avoir diminué pendant six mois consécutifs de mai à octobre, le taux d’emploi – la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi – s’est maintenu à 60,6 % en novembre. La croissance de l’emploi au cours du mois a suivi le rythme de la croissance de la population âgée de 15 ans et plus de l’Enquête sur la population active (EPA) (+0,2 %). Par rapport à un an plus tôt, le taux d’emploi était en baisse de 1,2 point de pourcentage.
La proportion de chômeurs de longue durée a augmenté parallèlement au taux de chômage. En novembre, 21,7 % avaient été continuellement au chômage depuis 27 semaines ou plus en novembre, en hausse de 5,9 points de pourcentage par rapport à un an plus tôt.
Le taux d’activité – c’est-à-dire la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi ou est à la recherche de travail – a augmenté de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 65,1 % en novembre, ce qui a contrebalancé la diminution cumulative de 0,3 point de pourcentage enregistrée en septembre et en octobre. Par rapport à un an plus tôt, le taux d’activité était en baisse de 0,5 point de pourcentage.
En somme
La politique monétaire reste excessivement restrictive, le taux directeur de 3,75 % restant largement supérieur au taux d’inflation. Nous prévoyons que le taux à un jour baissera à 2,5 % d’ici avril ou juin l’année prochaine. Voilà qui devrait continuer de stimuler l’activité dans le secteur de l’habitation, qui a fortement augmenté en octobre et novembre.
Les données de la semaine passée sur le PIB canadien indiquaient une croissance d’à peine 1,0 %, nettement moins que les 1,5 % de la prévision révisée à la baisse de la Banque du Canada. Compte tenu de ce fait, combiné aux données d’aujourd’hui sur l’emploi, la Banque du Canada pourrait bien envisager sérieusement une nouvelle réduction de taux d’intérêt de 50 pb. Cependant, comme la Banque a agi plus décisivement que la Réserve fédérale américaine, qui s’en tiendra sûrement à réduction de seulement 25 pb en décembre, elle pourrait se contenter aussi de 25 pb de réduction pour le moment.